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Bernard Boire

Le retard de productivité du Québec

Ma carrière de consultant a été centrée sur aider les entreprises du Québec à devenir plus compétitives, spécifiquement en augmentant leur productivité.

C’est donc plutôt décevant de lire le dernier bilan préparé par le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal

Loin derrière!

« En 2017, dans une heure de travail, un Québécois produisait en moyenne pour 60,15$CA (à parité du pouvoir d'achat) de PIB, comparativement à 66,95$ pour la moyenne canadienne (et) ...largement inférieure à celle de pays comme les États-Unis (82,03$) , l’Allemagne (87,38$), ou la Belgique (93,43$) »

« En fait, depuis la récession mondiale de 2008, seules la Nouvelle-Zélande (dans les pays de l’OCDE) et la province de Terre-Neuve-et-Labrador (au Canada) ont fait moins bien que le Québec » Un constant franchement décevant, pour ne pas dire décourageant.

Pourquoi?

Selon le Centre trois facteurs expliquent cette situation:

» Nos entreprises n’investissent pas assez en automatisation et en TIC;

» Elles ne font pas assez de R&D;

» Notre niveau de diplomation est inférieur à la moyenne des autres pays.

Le plus frustrant de tout ceci est que l’on connait, entend et répète ce même diagnostic depuis au moins vingt ans.

Plusieurs autres ‘explications’ ont été mises de l’avant par de nombreux autres observateurs:

» La difficulté de transformer les processus d’affaires et à vaincre la résistance au changement;

» Une population d’entrepreneurs vieillissants, qui hésitent à investir dans des technologies qu’ils comprennent peu ou pas et qui donc perçoivent un risque financier accru; sans compter le fait qu’ils soient plus préoccupés de protéger leur capital de retraite que de reprendre un risque entrepreneurial.

» Des modèles d’affaires inadaptés et l’hésitation des réseaux financiers à investir dans des actifs largement intangibles (une situation qui, heureusement, s’est grandement améliorée ces derniers 4-5 ans).

» Pour les plus grandes entreprises, la complexité et le coût de prendre en compte leurs systèmes patrimoniaux (legacy).

» Des préoccupations importantes (et légitimes) envers la cybersécurité.

» Des technologies qui évoluent trop vite, mettant en doute la capacité d’avoir le temps d’en amortir le coût.

» Le taux de change, car beaucoup de technologies (robots par ex. )sont fabriqués à l’étranger et vendus en dollars américains. Étonnamment dans la période ou le dollar canadien s’échangeait à parité et mieux, cela n’a eu aucun impact sur le niveau d’investissement des entreprises canadiennes.

» Etc., la liste d’excuses pour ne rien faire est longue.

La seule tendance ‘récente’ (soi disant parce qu’on la voit venir depuis longtemps) qui semble avoir un effet positif est la pénurie de main d’œuvre.

Sur ce dernier point on commence à peine à en vraiment sentir les impacts. Cette pénurie est un problème mondial comme le montre le graphique ci-contre (sauf en Inde où la moitié de la population a moins de 25 ans). Le Québec vieillît plus vite—en 2017 25.4% de notre population était âgée de plus de 60 ans.

Selon les 40 000 entreprises dans le monde, interrogées par la firme Manpower 45% (vs 40% l’an passé) ont eu des problèmes de recrutement. 60% des entreprises américaines ont des postes vacants, ce qui, au rythme actuel, pourrait faire baisser leur PIB de 1.5% d’ici 2030.

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